L'hôtel de ville de Tours conçu par V. Laloux
Rue Nationale
En suivant le tram qui file entre les deux édifices, vous remontez le long de la rue Nationale. Vous passez alors lentement du centre ville du XIXe, XXe et XXIe siècle, au centre de la renaissance, du moyen-âge, et de l'antiquité.
Vous remarquerez le passage d'un style classique "authentique" (le bâtiment des Galeries Lafayette par exemple), à un style classique "moderne" (cf photos ci dessous).
Du style classique ... "classique" ... au style classique ... "modernisé"
Le style classique "moderne" est né une volonté de reconstruction (après les destructions de la seconde guerre mondiale) dans la continuité mais sans tomber dans le "faux ancien". On aime où on aime pas, mais on appréciera l'effort dans le contexte difficile d'après guerre.
Quartier Château-Neuf / Place Plumereau
Arrivés à hauteur de l'abbaye Saint-Julien, vous pourrez attaquer le centre médiéval et festif de Tours. Universellement identifié des tourangeaux comme le "Vieux Tours", très peu connaissent en réalité le véritable nom de ce quartier : "Château-Neuf". Rien ne vous empêche d'épater vos interlocuteurs autochtones en étalant votre science...
La rue du commerce, qui porte bien son nom, vous amènera tout droit à l'un des lieux les plus emblématiques de Tours : la Place Plumereau. Sur le Chemin, vous pourrez admirer l'Hôtel Gouïn sur votre droite, qui habrite aujourd'hui un musée archéologique.
La place Plumereau, centre de la vie nocturne, festive et étudiante de Tours
La "Place Plume" est un excellent exemple de synthèse de lieu historique, culturel, central et festif. Entre les architectures à colombages, habituelles dans une ville qui a conservé un centre médiéval, on trouve des maisons en pierre de Tuffeau (originaire de la vallée de la Loire). Ces constructions de meilleure qualité ont vu le jour lorsque certains commerçants se sont enrichis avec le commerce de la soie (Tours est en effet le deuxième centre Français de la soie du moyen-âge, après Lyon). On aperçoit également à plusieurs endroit des maisons entièrement recouvertes d'ardoises. Il s'agit d'une spécialité locale. En effet, c'est dans l'Anjou voisin que se situe le plus célèbre site de production d'ardoise de France, à Trélazé.
Les tourangeaux qui n'avaient pas les moyens de construire entièrement en pierre pouvaient ériger une simple façade de tuffeau pour faire bonne figure malgré leur maigre fortune...
Les riches et pitoresques alentours de la place valent de s'y perdre un instant. Vous pourrez parcourir le quartier des artisans et ses façades particulières (l'artisanat occupe une place à part à Tours, puisque la ville constitue l'un des principaux centres du Compagnonage), et admirer les hôtels particuliers mixant pierre de Tuffeau et boiseries, notamment entre la rue du commerce et la Loire, ou encore autour du jardin Saint-Pierre le Puellier.
En élargissant un peu, vous pourrez atteindre l'Institut de Touraine, qui dispense des cours de français pour étranger, tout en leur faisant découvrir le savoir vivre local (La Touraine est connue pour son français "sans accent"), la place du grand marché et son "monstre", ou encore les "Halles", où vous aurez droit à un concentré de gastronomie locale.
Mais si le quartier est certainement le plus touristique de Tours, c'est aussi dû à la présence de la basilique Saint-Martin. Bâtiment énorme pour l'époque de sa construction (Ve siècle), il s'agissait de la plus grande basilique de l’occident de l’époque après Saint Pierre de Rome, et qui contient encore aujourd'hui des reliques de Saint-Martin de Tours. Elle attirait de très nombreux pèlerins, qui participèrent ainsi au développement économique du quartier et de la ville. La Tour Charlemagne et la Tour de l’Horloge, encore présente, donnent une idée de ce qu’était la taille monumentale de la basilique avant d’être en grande partie détruite durant le moyen-âge et jusqu'au XIXème, puis partiellement reconstruite par V.Laloux.
L'importance de la Basilique était telle qu'elle regroupait autour d'elle une ville distincte de Tours, appelée "Martinopole". Un vestige des murailles de cette mini-ville est encore visible rue Baleschoux. Cette ville avait le privilège de "battre la monnaie", et pas n'importe quelle monnaie ! Il s'agissait à l'époque du Denier Tournois, qui deviendra la Livre Tournoise, et qui n'était autre que la monnaie de référence du royaume de l'Ancien Régime, que le franc remplacera après la révolution.
Les quais de la Loire
En remontant vers le Nord, vous atteignez les quais de la Loire. Le fleuve constitue un élément indissociable de l'identité tourangelle. Il constituait un vecteur économique majeur depuis la création de la ville, sur lequel on transportait du vin, des céréales, de la pierre de tuffeau ou de l'ardoise. Cependant, le développement des transports terrestres et ferroviaires ont totalement remplacé le transport de marchandises par voie fluviale sur cette partie de la Loire. L'explication tient principalement à deux facteurs :
- La Loire présente un débit très irrégulier. Ceci est dû au fait que beaucoup de ses affluents sont alimentés par les mêmes sources, et parce que le débit n'est régulé que par peu de barrages, situés très en amont.
- Le lit du fleuve est sableux, et donc extrêmement mouvant. Cette caractéristique rend difficile, voire impossible le maintien de voies de navigation.
Vous êtes donc devant un fleuve (relativement) libre et sauvage, sur lequel la navigation n'est plus que de loisirs, sportive ou de tourisme. Vous pourrez certainement admirer quelques gabarres, dont les fonds plats étaient particulièrement adaptés à l'absence de chenal de navigation, mais également des toues cabanées, des sortes de maisons flotantes, qui servaient notamment aux pêcheurs de Loire lorsqu'ils pêchaient durant plusieurs jours.
En prenant sur la droite (en étant face au fleuve), vous pouvez descendre sur les quais de la Loire (quais qui servaient autrefois de port de marchandises). Vous croiserez le siège de l'université François Rabelais (un illustre tourangeau), puis le pont Wilson datant du XVIIIe siècle, et baptisé ainsi en 1918, en l'honneur du présidnet américain Woodrow Wilson après la première guerre mondiale. De l'autre côté de la Loire, vous pouvez appercevoir les tours de l'octroi, qui servaient à récolter l'impôt du même nom à l'entrée de la ville de l'époque.
Plus loin, après la statue de Descartes (un autre tourangeau illustre), vous appercevez la bibliothèque municipale, qui, malgré un aspect bétonné et austère, est protégée au titre des monuments nationaux.
En reprenant la rue Nationale, vous trouverez sur votre gauche un ensemble architectural et paysager autour de l'église Saint-Julien. Rien de très passionnant à première vue, l'église est semblable à beaucoup d'autre, et le parvis Prosper Mérimée est joli certes, mais pas exceptionnel. Seulement Saint-Julien n'est pas qu'une église. Il s'agissait à la base d'un abbatiale (c'est à dire l'église d'une abbaye). L'abbaye est aujourd'hui détruite, mais a permis de rassembler plusieurs dépendances architecturales, servant autrefois d'habitat et de locaux d'activités pour les moines bénédictins. Aujourd'hui, on y trouve l'un des plus beaux musées du compagnonage (rappelez-vous, tours est l'un des hauts lieux du Compagnonage français), ainsi que le musée des vins de Touraine.
Vous vous situez alors au centre de la ville médiévale, ou plus exactement entre les deux centres médiévaux. En effet, à l'ouest de l'axe de la rue Nationale se trouvait Martinopolis, que vous venez de parcourir, et à l'est se trouvait la ville de Tours, également appelée "la Cité".
La Cathédrale et la rue Colbert
C'est le moment de vous engager dans la rue Colbert... pour quelques mètres seulement ! En prenant la rue Jules Favre sur votre droite, vous trouvez sur votre droite une jolie placette avec une fontaine et un grand mur en ruine. Le mur est celui d'un hôtel particulier de la renaissance, tandis que la fontaine est connue comme celle des "amoureux". Si vous êtes en couple, c'est le moment de faire un voeu...
Plus trivialement, la rue Colbert est connue pour ses restaurants, autant que la place Plumereau l'est pour ses bars. Les plus attentifs d'entre vous appercevrons sur leur gauche le "passage du coeur navré". C'est un passage public, vous pouvez donc l'emprunter. Sombre et obscur, son nom inspire malgré tout un certain romantisme après la fontaine des amoureux... mais point de tout cela ici ! Son nom vient en réalité des condamnés à mort qui empruntaient ce passage pour aller à l'échafaud place Foire le Roi, le centre de la ville au moyen-âge.
Du passage du Coeur Navré à la place Foire le Roi : revivez le parcours des condamnés à mort !
Plus loin en suivant la rue Colbert, prenez la rue Lavoisier à votre gauche. Vous vous retrouvez de nouveau face au fleuve, avec le château de Tours à votre droite. Malgré le fait que la ville puisse être considérée comme la "capitale" des châteaux de la Loire, son chateau n'est pas le plus majestueux, loin de là. Il eût cependant plus belle allure durant le moyen-âge, durant lequel il s'avançait jusqu'à la Loire. Détruit à plusieurs reprises, servant d'arsenal, de prison, de caserne, il n'en reste aujourd'hui qu'une partie. On distingue :
- La tour de "Guise" : la plus grande des deux tours, qui doit son nom au fait que le Charles de Guise s'en soit évadé après l'assassinat (commandité par Henri III) de son père Henri, alors duc de Guise.
- Le pavillon de Mars : l'élément central du château, qui date du XVIIIe siècle, et qui servait de caserne (d'où son nom).
- La tour du cachot secret : la plus petite, nommée ainsi car elle abrite un puits ayant servi de cachot.
Tout autour, on trouve ça et là des parties de soubassements qui témoignent du passé plus glorieux du château. Plus loin, le Logis des Gouverneurs, doté d'une magnifique toiture constituée d'une trentaine de poutres, est également protégé.
En reprenant la rue Lavoisier dans l'autre sens, vous arriverez sur le parvis de la cathédrale Saint-Gatien. Construite entre les XIIe et XVIe siècle, elle fut initiée sur des bases d'architecture romane, pour finalement s'inscrire dans un style gothique dit "flamboyant", dont elle constitue l'un des édifices les plus représentatifs en France. Ses tours en façade culminent à 69 mètres.
La Cathédrale Saint-Gatien, le coeur du Tours au moyen-âge
Accolé à la façade nord de la cathédrale, vous trouverez le cloître de la Psalette qui, avec son escalier à l'architecture particulière, a servi de cadre à la nouvelle de Balzac (un troisième tourangeau illustre)
Le curé de Tours.
Juste à droite de l'église se trouve le Musée des Beaux-Arts de Tours, dans le bâtiment qui constituait autrefois le palais épiscopal. Le musée abrite aujourd'hui notamment des oeuvres de maîtres de la renaissances, tels que Rubens ou Mantegna.
Si vous n'êtes pas très portés sur les musées, vous pourrez tout de même vous promener dans les jardins, admirer le monumental cèdre du Liban, et vous reccueillir auprès de la dépouille naturalisée de l'éléphant Fritz. Cette brave bête n'était autre qu'un éléphant du cirque Barnum & Bailey. Ne mesurant pas sa force, il avait tué un employé du cirque à Bordeaux, et ses propriétaires décidèrent donc de l'enchaîner à deux autres éléphants pour parader dans Tours, en 1902. Cependant, un spectateur peu courtois lui brula la trompe avec son cigare. Fritz devint incontrôlable, et étant donné ses antécédants, il fut abattu. Empaillé à Nantes, il revint à Tours pour nous questionner sur les parts de folies respectives des hommes et des bêtes.
Tours, ville gallo-romaine
En vous enfilant entre le musée des Beaux-Arts et la cathédrale, vous pourrez découvrir les traces du passé gallo-romain de Tours. C'est en effet de ce côté de la ville que se situèrent les premières implantations de la tribu gauloise des Turones, qui donneront par la suite leur nom à la ville après l'époque gallo-romaine de Caesarodunum. C'est précisément au sein de cette Caesarodunum gallo-romaine que se situait l'un des 5 plus grands amphithéatres de l'empire romain. La rue du général Meusnier, en forme de demi cercle, a gardé à travers les siècles la forme de cet amphithéatre de plus de 100m de diamètre. Cette structure marquait le sud de la ville fortifiée, tandis que le nord-ouest se situait à l'emplacement de l'actuel château. En rejoignant le parc accessible au 12 rue des Ursulines, vous découvrirez les vestiges restants de l'angle opposé (sud-est) et notamment la tour du Petit Cupidon.
Autres lieux d'intérêt
Si vous avez effectué tout le parcours préalablement indiqué, alors vous avez parcouru la majorité de ce que la ville compte de monuments et de lieux centraux et historiques. Cependant, si les visiteurs insatiables que vous êtes en redemandent encore, d'autres merveilleux endroits de la capitale tourangelle vous attendent...
- Le théâtre, rue de la Scellerie
- Le jardin botanique, boulevard Tonnelé
- Le jardin des Prébendes, rue Roger Salengro
- Les parcs de la Perraudière et de Sainte-Radegonde, au nord de la Loire, et de l'ile Simon... sur la Loire !